Les sélections nationales

Novembre 2012

L'Euro déjà archivé et à mi-chemin dans les éliminatoires pour la Coupe du Monde au Brésil, il est temps de dresser un bilan des performances de la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. Les deux finalistes, l'Espagne et l'Italie, ont somme toute réussi leur Euro. Quant à la France et à l'Allemagne, pourtant demi-finaliste, ont beaucoup déçu. Revue d'effectif.

France

L'arrivée de Didier Deschamps n'a pas entraîné de profondes modifications tactiques dans le jeu tricolore; elle a principalement permis de faire évoluer les mentalités et de faire le ménage, qu'ont favorisé certains déboires extra-sportifs.

La France a donc entériné le 4-3-3, un schéma à la mode, et la nouveauté est le choix des joueurs. En défense, Dédé semble avoir enfin trouvé sa charnière centrale, avec Sakho et Koscielny, aux dépens de Mexés et Rami. Sur les côtés, Réveillère et Clichy laissent la place à Debuchy et Evra. Au milieu, M'Vila et Diarra ont disparu; en attaque, Malouda et Nasri n'entrent plus dans les calculs du sélectionneur.

En choisissant d'évoluer avec un milieu récupérateur unique, au lieu de deux comme sous Domenech et Blanc, Dédé libère deux joueurs sur la droite et la gauche de celui-ci, chargés d'une double tâche défensive, quand ce milieu monte, et offensive dans le cas inverse. Mais, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il n'y pas véritablement de différence entre les trois joueurs, à part la position horizontale, puisqu'il s'agit de travailleurs capables/autorisés à participer au jeu offensif.

Plusieurs joueurs peuvent évoluer à ces postes. Citons pêle-mêle Gonalons, Capoue, Sissoko, Cabaye et Matuidi. La préférence semble aller pour l'instant au trio Capoue, Matuidi et Sissoko.
En attaque, les solutions semblent par contre plus difficiles à trouver. La progression de Giroud en pointe risque de faire de l'ombre à Benzema; à gauche, Ribéry est intouchable, au déplaisir du talentueux mais inconstant Ménez. Enfin, au centre et à droite, les solutions se font rares.

En l'état actuel, l'équipe joue avec la disposition suivante:



Italie

Prandelli jouit d'une forte cote de sympathie en Italie depuis ses années à la Fiorentina. Les raisons sont un jeu attrayant, des résultats honorables (champion de série B avec Hellas Vérone, trois fois 4e avec la Fiorentina entre 2006 et 2008) et une communication sobre. Prandelli s'est fait également une spécialité d'insérer des joueurs nouveaux. Il découvre Chiellini, Montolivo, Pazzini et valorise des joueurs tels que Toni (Soulier d'or 2006) et Melo.

Le sélectionneur transalpin est donc bien placé pour découvrir des nouveaux talents et aider d'autres à s'épanouir. Il s'agit justement de la principale tâche qui attend la Squadra azzurra d'ici à 2014. La tactique évolue légèrement du 4-2-1-2 de l'Euro vers un 4-3-3, notamment dû au déclin de De Rossi. L'animation offensive du milieu est la principale concernée, la défense étant le point fort des Azzurri et Prandelli ayant définitivement pris le parti de titulariser de jeunes joueurs en attaque.

La tactique proposée est ainsi assez inédite pour la sélection italienne car le format des vingt dernières années a plutôt été celui d'un pilier en attaque (Vieri 2002, Delvecchio 2004, Toni 2006), autour duquel gravitait un joueur plus rapide (Bettega 1978, Rossi 1982, Conti 1986, Squillaci 1990, Inzaghi 1998) ou technique (Baggio 1990, Mancini 1992, Del Piero 2004), soutenu par un playmaker ou numéro 10 (Tardelli 1982, Giannini 1988, Zola 1996 ou Totti 2006.) On a ainsi rarement trouvé 3 attaquants alignés simultanément.

L'évolution dans le jeu continue aussi au milieu avec deux relayeurs, l'un sur la gauche et l'autre sur la droite, principalement inspirée par la Juve sous Conte. A la trappe donc les fameux milieux récupérateurs relayeurs uniques à l'italienne tels que De Napoli, Di Biagio, Conte ou encore Gattuso. Le jeu moderne demande désormais que les joueurs participent à la fois aux tâches défensives et offensives.   

Faute de mieux, Montolivo, plutôt habitué à distribuer le jeu, est chargé  de remplir ce rôle en compagnie de Marchisio. Cela ne fonctionne pas très bien pour des raisons de mentalité mais aussi parce les joueurs capables d'occuper ce poste sont rares. En l'absence de De Rossi, il est encore plus difficile de se priver de la vision du jeu et de l'intelligence tactique de "l'Allemand". Au demeurant, Prandelli compense les lacunes de son relayeur en demandant à l'attaquant droit de reculer et occuper de fait deux positions.

Comme on l'a évoqué, les nouveautés ne concernent pas l'arrière. Au milieu, Pirlo occupe sa position préférée depuis 7 saisons et l'arrivée de Verratti ne devrait pas changer la donne, à condition de pouvoir compter sur les fameux deux relayeurs. Derrière, on retrouve la traditionnelle défense à quatre qu'affectionnent tant les Italiens, avec Bonucci/Barzagli/Chiellini au centre, Maggio et Balzaretti sur les ailes. La tentation est grande de décaler Chiellini sur l'aile gauche, non pas pour soulager Marchisio, seul à ce poste cela dit, mais parce que ce choix stabiliserait le côté gauche, sérieusement porté vers l'avant avec El-Shaarawy.

En l'état actuel, l'équipe joue avec la disposition suivante:


Allemagne

La Mannschaft a déçu durant l'Euro, non pas pour son jeu (2 buts par match), mais pour son nouvel échec (3è élimination en demi-finale depuis 2006.) L'Allemagne n'a donc toujours rien gagné depuis 1996, une éternité à l'échelle allemande. Mais c'est surtout la façon dont la sélection a été éliminée qui a frappé, pour la plupart tétanisés par l'enjeu, les joueurs de Low ont cédé sans vraiment lutter face à des équipes réalistes (Espagne en 2008 et 2010, Italie en 2012.)

La leçon ne semble toutefois pas retenue, vu les résultats affichés depuis la fin de l'Euro. La Mannschaft a décidé de ne pas sacrifier son style offensif (5 matchs, 15 buts marqués, 6 encaissés), mais elle apparait encore fragile, comme l'a attesté l'écroulement en match amical face à la Suède, le 16 octobre 2012 (4 buts subis lors de la dernière demi-heure.)

Quelles en sont les raisons?

La faute peut encore être imputée à la jeunesse (26 ans de moyenne pour le onze de départ, contre 28,5 ans pour l'Italie), mais cela n'est plus une raison suffisante; d'une part parce que d'autres équipes telles que la France ont une moyenne générale similaire, d'autre part parce que la défense a le même âge (27 ans) que celle de l'Espagne, pourtant meilleure défense de l'Euro; elle comptabilise de plus 58 sélections en moyenne, contre 21 pour la France et 33 pour l'Italie.

Nous voyons en fait deux principales raisons aux échecs successifs de la Mannschaft dès qu'il s'agit de franchir le dernier obstacle. Premièrement, l'absence d'un réel chef capable de secouer l'équipe voire de la porter à bout de bras. En l'espèce, Lahm ou Schweinteiger, mais aussi le sélectionneur Löw, sont loin d'avoir le charisme et l'emprise qu'ont pu avoir en d'autres temps Beckenbauer, Matthäus ou Sammer.

Deuxièmement, la tactique de jeu est bien trop offensive, non pour la mentalité allemande, mais pour une équipe qui aspire gagner des titres. On ne le sait que trop bien, la victoire appartient aux équipes dotées d'une solide défense, et qu'importe la présence de redoutables attaquants en leur sein. Souvenons-nous du Brésil de 1994 qui a gagné la World Cup grâce à une défense de fer (2 buts encaissés en 7 matchs), et ce malgré la présence en attaque de Bebeto, Romario et d'un certain Ronaldo.

A l'heure du football spectacle, l'Allemagne semble pour l'instant faire fausse route en privilégiant le beau jeu au résultat. Gageons néanmoins que le retour sur le devant de la scène du Bayern, en lieu et place du virevoltant Borussia Dortmund ramènera avec lui la culture de la solidité qui a fait la grandeur de la Mannschaft. Une solution serait de reculer Khedira ou remplacer Müller ou Reus par un autre joueur moins offensif pour faire du 4-2-4 plutôt un 4-3-3, voire un 4-4-2. Cela passerait peut-être par le sacrifice de Klose (ou Gomez) pour resserrer les deux autres attaquants ou le déplacement de cette pointe vers la gauche ou la droite du terrain.

 
Espagne

La Roja comme il est désormais coutume de l'appeler a connu une période de décompression après l'éclatante victoire en finale de l'Euro face à l'Italie. Rien de plus logique pour équipe jugée sur le déclin et qui a été critiquée avant et pendant l'Euro pour son jeu stérile. Le calendrier des clubs, la coupure estivale et l'absence de véritable enjeu ont conduit à perdre deux matchs, face au Japon (0-1) et le Honduras (0-1), concéder le nul face au Maroc (0-0) et remporter sur le fil le match contre Porto Rico (2-1.)

L'attaque s'est ensuite réveillée, puisque les Espagnols ont marqué 16 buts lors de leurs 5 derniers matchs, en encaissant simplement deux buts. Tout semble aller pour le mieux, le fond de jeu demeure le même et Del Bosque peut préparer à construire l'avenir, le plus difficile étant de durer. Un an et demi avant la prochaine Coupe du Monde, l'Espagne doit réussir son évolution sans faire de révolution.

Cela n'est pas chose simple. Pour l'instant, la relative faiblesse des adversaires dans son groupe éliminatoire, à l'exception de la France, et les matchs amicaux choisis pour des raisons politiques plus que sportives, sont l'occasion de tester des nouveaux joueurs. Contre le Panama, le 14 novembre dernier, le sélectionneur a ainsi titularisé des nouveaux venus (Beñat, Susaeta) et relancé des "anciens" (Mata.)

Le jeu demeure identique: une possession de balle, des joueurs déployés sur toute la largeur du terrain et un pressing moyennement haut, au niveau du milieu du terrain. La tactique ne change pas trop non plus, avec toujours 4 défenseurs et trois milieux. Par contre, le jeu d'attaque ressemble davantage à ce que l'Espagne pouvait proposer avant l'Euro, soit un trio avec une pointe centrale, Villa principalement. Cela n'est ceci dit pas toujours vrai et Del Bosque semble tenir à son dispositif avec un milieu disposé en pointe lors des matchs importants. Ce fut le cas contre la France avec Fabregas en attaque le 16 octobre 2012.

Toujours aussi critiques, nous persistons à penser que le vieillissement, la lassitude et la moindre intelligence tactique des nouvelles recrues sont autant d'arguments en défaveur de la Roja non durant les prochains mois, mais pour le Brésil 2014. A cette date, beaucoup de cadres auront allégrement dépassé la trentaine: Casillas (34 ans), Arbeloa (31 ans), Alonso (33 ans), Xavi (34 ans.) On le voit bien sur le schéma ci-dessous: la force de la Roja, le milieu, risque de céder face au poids de l'âge.

 
Mai 2012

A l'approche de l'Euro 2012, il est intéressant de se pencher sur le style de jeu de quelques équipes européennes. Nous nous concentrerons sur l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie et la France. Après un aperçu de la tradition de jeu de ces sélections, nous verrons ensuite comment celles-ci ont décidé de jouer leurs derniers matchs de qualifications avant l'Euro.

France 4-3-3

Le football français a longtemps été tourné vers l'offensive. La sélection de 1958 alignait 5 attaquants (Wisnieski, Kopa, Fontaine, Piantoni et Vincent) et l'équipe victorieuse de l'Euro 1984 jouait avec pas moins de 5 joueurs à vocation offensive (Platini, Giresse, Fernandez, Lacombe et Six.) Le football moderne a toutefois eu raison de l'enthousiasme offensif à la française et la priorité a été progressivement donnée à la maîtrise du ballon. Les sélections ont commencé à intégrer à partir de l'ère Platini-entraîneur des milieux de terrain athlétiques (Bravo, Deschamps, Karembeu, Petit, Vieira) et techniques (Pardo, Durand, puis Djorkaeff, Zidane, Pires), un choix à l'origine du sacre de 1998. L'attaque s'est quant à elle concentrée sur un travail de finition, ce qui nécessitait bien moins de joueurs. 

Les sélections ont pu souvent se présenter avec un seul attaquant en 1990-92 (Papin) ou en 1998 (Guivarc'h), avant de revenir pour peu de temps à deux attaquants (Anelka et Henry) sous l'ère Lemerre. Ce choix n'est pas d'ailleurs sans expliquer la difficulté pour tous les sélectionneurs des années 2000 de titulariser simultanément des joueurs de renom que furent Trézéguet, Wiltord et Henry. Si la sélection a certes vu passer d'autres joueurs en attaque tels que Vahirua, Cocard, Ginola ou Cantona, sans grande réussite d'ailleurs, la philosophie d'ensemble n'a pas été bouleversée car les deux premiers s'apparentaient plutôt à des super ailiers alors que les deux derniers, trop atypiques pour entrer dans un schéma, n'étaient ni des attaquants finisseurs, ni de stricts milieux offensifs.

La sélection actuelle reste marquée par cette évolution, d'autant plus qu'elle est menée par un joueur (Blanc) qui a connu ce type de jeu. Ménez et Nasri héritent ainsi, toutes proportions gardées, des postes occupés par Zidane et Djorkaeff, pendant que Cabaye et M'Vila reprennent les zones occupées par Vieira ou Makélélé. Dans ce schéma, Ribéry ou Malouda ressemblent davantage à des dynamiteurs et à des pourvoyeurs de ballon à destination d'un seul attaquant finisseur, Rémy ou Gomis, plutôt qu'à des attaquants de type pur. 

Le risque d'un tel mode de jeu est de devoir "inventer" simultanément des milieux techniques, rapides et inventifs, or une telle configuration se réalise rarement dans l'histoire. Sans nier leur qualité, force est malgré tout de constater que ces joueurs, notamment les milieux offensifs, ont un niveau plutôt moyen qui ne peut pas leur permettre de remporter autant de succès que leurs prédécesseurs. Il ressort enfin que les joueurs évoluent donc dans un style forcé dicté par la tradition et le sélectionneur gagnerait sûrement à adapter sa tactique aux joueurs dont il dispose. En l'occurrence, nous proposons un 4-4-2 qui aurait le triple mérite de soulager Rémy, trop léger pour porter seul le poids de l'attaque, rendre le jeu moins dépendant d'un milieu créateur central aussi imprévisible que Ménez et, enfin, permettre de redécouvrir les vertus des défenseurs latéraux.

A titre d'information, la dernière composition officielle contre la Bosnie (11.10.2011) était la suivante:
Lloris – Réveillère, Rami, Abidal, Evra – M’Vila, Cabaye, Nasri – Ménez, Malouda – Rémy

Italie 4-3-1-2 (ou 4-4-2)

L'Italie a connu plusieurs périodes de succès, dont les principales furent 1934-38, 1968-70, 1982, 1994 et 2006. Contrairement à la France, l'évolution du football italien est plus difficile à résumer. Certes, la tradition veut que le football italien fasse la part belle à la défense, mais les choses sont bien plus complexes. L'équipe menée par le même entraîneur (Vittorio Pozzo) de 1928 à 1948 s'est d'abord fait remarquer par un jeu très défensif à l'origine du premier sacre en coupe du monde en 1934 (quatre buts en trois matchs qualificatifs, dont un dantesque quart de finale contre l'Espagne), avant d'évoluer vers un style bien plus offensif  qui lui a permis de gagner les JO de Berlin et la coupe du monde de 1938 (9 buts lors des 3 derniers matchs, dont un 4-2 contre la Hongrie en finale.) 

Tout aussi déroutant est le cycle 1968-1970 ponctué par la seule victoire italienne à un championnat d'Europe des Nations et une finale de coupe du monde. Là encore, la sélection est passée d'un style de jeu fermé avant que Mazzola, Rivera et Riva réussissent à transformer la Squadra Azzurra à la Coupe du Monde 1970, notamment en quart de finale et en demi-finale (4-1 contre le Mexique et 4-3 contre la RFA.) Le constat est tout aussi mitigé pour les victorieuses campagnes 1980-82 et 2004-06 durant lesquelles ont brillé le milieu de terrain (Tardelli, Conti, Gattuso, Pirlo) et surtout la défense (2 buts encaissés en 2006), menée par Gentile et Scirea en 1982, par Nesta et Cannavaro, ballon d'or, en 2006. 

L'Italie a par deux fois proposé un jeu offensif intéressant alimenté par des attaquants remarquables (Rossi, Totti, Del Piero), mais celui-ci s'est révélé peu productif (1-0 en quarts, 0-0 à la fin du temps réglementaire en demis, 1-1 en finale.) Seule peut-être la période allant de 1990 à 1994 correspond parfaitement à l'image de solidité mais surtout de frilosité offensive qu'abhorre le commentateur. La sélection a ainsi terminé son Mondial de 1990 avec une moyenne de 1,4 buts marqués par match, dont trois victoires en 1-0, et elle a accédé en finale de la World Cup avec un compteur en attaque bloqué à 6 buts (0,85 but de moyenne) et une Baggio-dépendance criante (5 buts sur 6.)

Connu pour son jeu rapide et enlevé, Prandelli a réussi à tourner la page Lippi et a rajeuni la sélection, tout en restant fidèle à la tradition du 4-4-2. Néanmoins, les succès de la Juventus, dont les joueurs forment traditionnellement l'ossature de la sélection, mais aussi les vicissitudes (maladie de Cassano) ont fait évoluer le module qui ressemble désormais plutôt à un 4-3-1-2, avec Montolivo en player-maker. En réalité, on risque de retrouver à l'Euro un jeu mené plutôt par Pirlo, flanqué de Marchisio et De Rossi, juste derrière Montolivo, à moins que Prandelli n'opte pour un 4-3-3 dont ferait les frais soit Marchisio soit De Rossi. Devant, l'incertitude continuera de dominer, vu le caractère d'un Balotelli, les habitudes de jeu de Di Natale et la relative faiblesse de Matri, Rossi ou Pazzini. Il ressort de cette analyse que l'Italie ne peut raisonnablement pas prétendre gagner l'Euro: la défense est friable voire tendre (Barzagli), l'attaque est trop légère et le milieu est miné par un problème de cohésion, sans parler de sa dépendance envers Pirlo, peut-être usé par sa belle saison à la Juve.

A titre d'information, la dernière composition officielle, contre l'Irlande du Nord (11.10.2011) fut la suivante: Buffon; Cassani, Ranocchia, Chiellini, Balzaretti; Marchisio, Pirlo, De Rossi; Montolivo; Rossi, Cassano

Allemagne 4-2-4

Il est difficile de retenir une période précise de succès pour l'Allemagne, vu sa régularité (12 demi finales et 3 titres en Coupe du Monde, 6 finales de Championnat d'Europe, dont 3 gagnées.) On peut toutefois identifier trois périodes, à savoir 1954-1974, 90-96 et 2006-11, qui correspondent à trois mentalités de jeu. A l'instar de l'Italie, les équipes d'Allemagne (RFA et RDA) ont souvent fait preuve de beaucoup de solidité en défense, que ce soit sous l'ère Helmut Schön (1964-78) ou sous Beckenbauer (1984-90.) Elles ont également démontré une vraie volonté de jouer et de fournir un jeu offensif de qualité. D'ailleurs, il y a bien une raison au fait que des attaquants tels que Seeler, Müller, Rummenigge ou Völler ont marqué de leur empreinte le football offensif mondial. 

Bien que victorieuse, la campagne lors de la Coupe du Monde en 1990 a fait entrer l'Allemagne dans une nouvelle ère, celle d'une relative austérité, à l'image de toute la société allemande de l'époque. Les années 1990 (mais on peut prolonger jusqu'en 2002) voient bien l'Allemagne accéder à trois finales pour en gagner deux (1990 et 1996) mais le jeu pratiqué est bien moins flamboyant qu'avant. La raison tient à la priorité accordée au milieu de terrain (Matthäeus est ballon d'or 1990) voire à la défense (Sammer est ballon d'or en 1996), au détriment ou du fait de l'absence d'attaquants de premier plan (tout au plus Klinsmann et Bierhoff.)  Cela conduit au milieu des années 2000 à la révolution opérée par Klinsmann et Löw et qui peut être résumée par ces trois mots: vitesse, jeunesse et enthousiasme.

Le jeu pratiqué par l'Allemagne est en effet devenu très divertissant et relativement gagnant. Certes, aucun titre n'a été gagné (1 finale de l'Euro 2008 et deux demi finales de coupe du monde en 2006 et 2010), mais la priorité à l'attaque, le foisonnement de brillants attaquants, l'expérience de certains joueurs installés depuis 2004 (Schweinsteiger, Lahm, Mertesacker, Podolski, Klose) et le lent apprentissage des autres (Boateng, Özil, Khedira, Götze, Gomez) sont des solides atouts qui font de la Mannschaft l'équipe favorite pour les deux prochaines compétitions internationales. Le système inventé par Löw tranche avec le 4-4-2 traditionnel et encore plus avec le 5-3-2 de Vogts en 1994-96. Il laisse le rôle de relayeur à Schweinsteiger, un ancien meneur de jeu, et celui de distributeur à Özil. Toute l'équipe participe donc à l'attaque, non seulement les 4 attaquants, complémentaires, mais aussi les ailiers. De même, le schéma en 4-5-1 ne doit pas induire en erreur car au moins deux milieux sont en réalité des attaquants (Müller, Kroos.)

A titre d'information, la dernière composition officielle, contre les Pays-Bas (15.11.2011) fut la suivante:
Neuer, Mertesacker, Aogo, Boateng, Badstuber; Podolski, Özil, Khedira, Kroos, Müller, Klose

Espagne 4-3-3

Malgré une tradition du beau jeu, la sélection n'a pas souvent brillé, à l'exception de la victoire à l'Euro 1964 et la finale de l'Euro 1984. Depuis 1934, elle a atteint deux fois seulement le dernier carré de Coupe du Monde en 18 éditions (1950 et 2010) et a été éliminée 4 fois au tour préliminaire et quatre fois au premier tour. La raison d'une telle inefficacité tient peut-être au pouvoir et à la rivalité du Real ou de Barcelone qui ont privé la sélection de la capacité à former un groupe solidaire, volontaire et conquérant. Il n'est dès lors pas étonnant que les succès espagnols correspondent à chaque fois à la surreprésentation de joueurs issus du club du moment. Pensons à la domination du Real "yéyé" des années 1960, à la Quinta del Buitre des années 1980 ou encore au Barça de l'ère Guardiola (7 joueurs dans le onze titulaire en finale de la Coupe du Monde 2010.)

Parmi les autres pistes, on peut également penser au rôle joué par les clubs dans le recrutement de joueurs étrangers de premier plan au détriment des Espagnols. Les grandes vedettes de la Liga furent ainsi souvent étrangères, de l'Argentin Di Stefano (naturalisé en 1957), à son compatriote Messi, en passant par Puskas (Hongrie, naturalisé en 1960), Santamaria (Uruguay), Cruyf (Pays-Bas), Maradona (Argentine), Ronaldo (Brésil), Zidane (France) et C.Ronaldo (Portugal.) Le meilleur exemple est assurément la première moitié des années 2000 dominée par la figure des Galactiques et durant laquelle la Liga a vu arriver de nombreux joueurs étrangers. Pourtant, la sélection a durant cette période accumulé les résultats décevants, avec des éliminations au premier tour (Coupe du Monde 1998, Euro 2004), un huitième de finale (2006) et un quart de finale (2002.)

Ce n'est que ces dernières années que l'Espagne semble entrée dans une autre dimension en gagnant consécutivement l'Euro 2008 et la Coupe du Monde 2010 et en égalant le record de 14 victoires d'affilée en matchs officiels détenu par la France et les Pays-Bas. Les raisons d'un tel succès sont là encore la prédominance des joueurs issus d'un club (Barcelone), le résultat d'une véritable politique de formation (24% des joueurs espagnols ont percé avec leur club de formation et 9 joueurs titulaires en 2010 évoluaient dans leur club d'origine), une équipe expérimentée (6 des 7 joueurs les plus capés de l'Histoire sont encore en activité) et enfin la présence d'un sélectionneur chevronné et charismatique, contrairement à ses trois prédécesseurs (Clemente, Camacho, Saez.) C'est aussi la consécration d'un jeu très technique organisé par Alonso, Xavi, Iniesta et Pedro, en support d'une seule pointe (Villa ou Torres.) Le jeu proposé par la Roja est ainsi relativement semblable au jeu du Barça, notamment en attaque.

A titre d'information, la dernière composition officielle, contre le Costa Rica (15.11.2011), fut la suivante:
Casillas, Ramos, Puyol, Arbeloa, Monreal, Xavi, Alonso, Fabregas, Iniesta, Mata, Villa