Décembre 2012
Les quatre clubs sélectionnés abordent la période du Boxing-day dans des états (d'esprit) fort différents. Certains ont gagné en certitudes, quand d'autres ont perdu, encore une fois, leurs illusions. ManU apparait comme le principal vainqueur du premier semestre. City suit le rythme bon an mal an; enfin, Arsenal et Chelsea sont définitivement dépassés.
MANCHESTER UNITED
Les "Mancuniens" ont discrètement remonté la pente cette année, après la décevante saison dernière. Malgré des performances honorables, notamment une seconde place en championnat (devancé à la différence de but par City, et 19 points d'avance sur le troisième, Arsenal), l'élimination en Champions League dès le premier tour, la perte du titre à la dernière journée et des défaites cinglantes (6-1 à domicile contre City) avaient en effet laissé des traces.
C'est donc sur les chantiers de la confiance et de la complicité que Ferguson, qui en est à sa 26e année au club, a décidé de se concentrer. Peu de joueurs sont arrivés, à l'exception notable de Van Persie, pour ne pas déstabiliser davantage le groupe et travailler en profondeur. La combativité et le réalisme sont également les autres maîtres mots de la saison. Et cela semble payer, puisque ManU est premier à la 15e journée, qualifié en Champions League depuis la 4e journée, et a déjà battu en championnat Newcastle, Arsenal, Liverpool et Chelsea.
L'attaque est très affutée avec 37 buts marqués (1ère attaque), grâce à Van Persie, meilleur buteur de la League (10 buts.) Tout n'est pas réglé pour autant. Alors qu'elle a été le principall atout l'an dernier, la défense apparait cette année assez fragile; ManU a la 16e défense du championnat avec 21 buts encaissés en 15 journées, soit dix de plus que City. Certains scores fleuves viennent illustrer cet état de fait : 2-3 contre Tottenham (6e journée), 4-3 contre Reading (15e journée), 4-5 contre Chelsea (Coupe de la Ligue.)
Pour sa part, la tactique n'a pas véritablement changé, avec un 4-4-2 des plus classiques, transformable en 4-2-4 avec Evra, Evans, Ferdinand et Rafael en défense, Cleverley et Carrick en milieu défensif, Young et Valencia en milieux offensifs sur les ailes, et Rooney et Van Persie en attaque. Ferguson ne fait plus jouer Welbeck en même temps que Rooney, mais en remplacement de celui-ci, et il préfère définitivement le couple Young-Valencia au couple Nani et Giggs.
Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que les évolutions sont bien plus profondes qu'il n'y parait. En n'hésitant pas à faire jouer Anderson en milieu tantôt récupérateur, tantôt offensif, Sir Alex semble orienter de plus en plus son 4-4-2 vers un 4-3-3 avec deux récupérateurs purs et un animateur positionné derrière les attaquants. C'est peut-être la principale nouveauté de l'année, expérimentée assez souvent, notamment lors du dernier match à domicile (14e journée) contre West Ham (Hernandez, Van Persie, Rooney en attaque.)
Bilan du 20 août au 4 décembre:
22 matchs, 17 victoires, 5 défaites; 52 buts marqués (2,36 b/m) et 32 buts encaissés (1,45 b/m.)
ARSENAL
Les "Wenger Boys" n'y arrivent décidément pas. Malgré un jeu flamboyant et des résultats spectaculaires (6-1 contre Southampton (4e journée), 6-1 contre Coventry et 7-5 contre Reading (Coupe de la Ligue)), Arsenal n'est toujours pas au niveau de sa rivale historique du Nord du pays. Huit ans déjà que le club n'a pas remporté la League et, sauf redressement invraisemblable, cela ne devrait pas être pour cette année non plus.
En effet, l'équipe a perdu le quart de ses matchs (4) de championnat après quinze journées et se retrouve à 15 points de la tête. La défense est toujours aussi fragile (16 buts encaissés) et, fait plus inquiétant, l'attaque ne fonctionne pas tout à fait (24 buts en League, soit 13 de moins que ManU.) Surtout, la crise de confiance n'est plus loin avec seulement deux victoires lors des huit derniers matchs. Hélas, cela ne semble ni anormal pour une équipe jeune (25 ans de moyenne lors du dernier match face à Swansea) ni tellement inhabituel pour Arsenal.
La stratégie de "vieillissement" (Mertesacker, Cazorla, Arteta, Rosicky ont plus de 28 ans) opérée par Wenger porte moyennement ses fruits en défense (la moyenne de la saison dernière fut de 1,29 buts encaissés par match) et laisse sceptique en ce qui concerne la performance en attaque (1,94 l'an dernier contre 2,1 cette saison.) Ni les transferts réalisés (Podolsky, Giroud, Cazorla) ni l'évolution de la tactique avec le départ de Van Persie n'ont apporté les résultats escomptés puisque Arsenal traîne à la 10e place du classement à 15e journée.
Plus largement, on peut se demander si Wenger est encore l'homme de la situation. A part Ferguson, ce dernier est l'entraîneur le plus ancien à son poste (16 ans) et ses schémas sont peut-être désormais dépassés. D'un point de vue financier, la gestion des équipes made in Wenger est certes remarquable, mais côté résultats, le bilan des dernières années est plutôt maigre.
La tactique demeure sensiblement la même, soit un 4-4-2 ou 4-5-1, avec des joueurs rapides, disposés sur toute la largeur du terrain, un créateur (Merson, Pires), et un "faux" attaquant (Overmars, Bergkamp, Fabregas) voire légèrement reculé ou décentré (Henry.) Le problème avec ce genre de tactique est triple: d'abord, le jeu est prévisible car trop systématique, ensuite, il néglige la communication verticale et l'espace entre la défense et le créateur et, enfin, en demandant à tous de fournir l'effort offensif, il déséquilibre complètement l'équipe en cas de perte de balle. Peut-être que l'actuel 4-2-3-1, un peu différent de ce que Wenger a eu l'habitude de proposer ces derniers temps amènera-t-il quelque chose?
Bilan du 20 août au 4 décembre:
22 matchs, 10 victoires, 7 nuls, 5 défaites; 46 buts marqués (2,1 b/m) et 28 buts encaissés (1,27 b/m.)
CHELSEA
Après un très bon début de saison (22 points sur 24), Chelsea est entré dans une phase de turbulences qui lui a fait perdre (définitivement?) la tête du championnat lors de la 10e journée et a abouti à son élimination dès les phases de poule de la Ligue des Champions. Le bilan au tiers de la saison est relativement négatif au niveau national (3e, à 10 points de ManU), mais également si on le compare aux performances des autres championnats européens puisqu'avec 29 points, le club d'Abramovitch serait 4e de la Liga et 7e de la Serie A. Pire, fort de seulement 4 points marqués entre la 9e et la 15e journée, Chelsea a fait moins bien que l'avant-dernier Reading (6 points) et à peine mieux que la lanterne rouge QPR (3 points.)
La faute à qui? A Di Matteo, qui n'a pas su garder ses joueurs à flot après le sacre de mai et le début de saison euphorique dans la lignée de la victoire en Champions (victoires face à Newcastle, Arsenal, Tottenham)? Il est vrai que venu le moment des troubles (défaite face à ManU à la 9e journée), l'Italien a semblé manquer de maîtrise, à moins que son limogeage n'eut été qu'une question de temps, Abramovitch ayant simplement retardé une décision qu'il ne pouvait raisonnablement pas prendre en mai? En tout état de cause, le président n'a pas tenu longtemps face à la crise et l'année qui se voulait de transition devrait maintenant s'apparenter davantage à une année de pénitence et de galère.
La faute peut-être aussi au départ ou au vieillissement (voire à la démobilisation) des joueurs cadres qui ont porté l'équipe pendant des années jusqu'à la Champions? Exit Drogba, Lampard et autres Terry (momentanément a priori.) Pour diverses raisons, ils ont laissé la place à une équipe certes rajeunie, mais sûrement moins brillante et certainement moins cohérente. L'esprit de groupe qui animait l'équipe forgée il y a déjà 8 ans par le Special One appartient désormais au passé.
L'a remplacé un esprit plus mercenaire et donc moins solidaire, mais aussi un style de jeu plus classique, fait de rapidité, mais privé de leaders naturels capables de tenir le groupe à bout de bras. Le remplacement de Drogba par Torres et le fait que ce dernier finisse par s'imposer résument d'ailleurs bien le nouvel esprit de l'équipe, soit des joueurs plus effacés et moins concernés par le résultat que par le jeu et la performance individuelle. Il n'est pas certain que l'arrivée de Benitez change grand chose à cela.
Pourtant, les bons joueurs ne manquent pas, ni en défense (Cole, Cahill, Ivanovic) ni au milieu (Oscar, Mata), ni en attaque avec Torres et ses 78 buts en Premier League (mais seulement 13 buts en 62 matchs en trois années avec Chelsea.) Les nouvelles recrues sont, par contre, assez décevantes, Hazard ne parvenant pas à faire oublier Lampard et Azpilicueta et Moses étant plutôt des seconds couteaux.
Côté jeu, peu de changements sont à attendre dans les prochaines semaines car les réelles alternatives ne sont finalement pas si nombreuses, et elles sont soit vieillissantes (Ferreira, Lampard, Malouda) soit pas au niveau (Chalobah, Musonda, Sturridge.) Sauf à recruter au Mercato ou à parier sur la perspicacité de Benitez. La première tâche de ce dernier sera déjà de ramener de la sérénité et du lien à un groupe trop dominé par les "Latinos" brésiliens (Luiz, Oscar, Ramires) et espagnols (Benitez lui-même, Mata, Romeu, Torres.) L'autre défi sera de faire évoluer le 4-3-3 en 4-4-2 à l'image de ce qu'il avait réalisé sous son long et victorieux mandat avec Liverpool.
On pourrait ainsi imaginer que Torres se décale sur la droite, que Mata se recentre et Hazard monte d'un cran (ou l'inverse avec Hazard recentré et Mata avancé sur la gauche.) Autre solution: Hazard pourrait aussi reculer pour titulariser Moses en attaque, mais dans ce cas de figure, on commencerait à sérieusement bouchonner au poste de n°10, avec Romeu, Oscar et donc Hazard/Mata. Au milieu, face à la faiblesse des options, Benitez devrait aligner un seul récupérateur (Obi ou Ramires comme lors de la victoire face à Sunderland, après la défaite à deux récupérateurs contre West Ham.) Sur les côtés, des offensifs (Romeu, Hazard) évolueraient à des postes médiants à l'image d'un Kuyt autrefois. Enfin, la défense ne serait pas touchée d'abord parce qu'elle fonctionne bien (4e de la ligue), ensuite parce que Terry devrait bientôt revenir et enfin parce qu'un schéma autre que le quatuor est difficilement imaginable en Angleterre avec la vitesse de jeu.
Bilan du 20 août au 4 décembre:
25 matchs, 11 victoires, 7 nuls, 7 défaites; 50 buts marqués (2 b/m) et 37 buts encaissés (1,48 b/m.)
MANCHESTER CITY
Il est bien connu que le plus difficile est de durer. Le premier tiers de la saison du champion en titre a été poussif pour MC avec seulement 9 victoires en 16 matchs (et six points de retard sur ManU), sans parler de la piteuse élimination en Champions League (0 victoire, 3 défaites.) Plus significatif de son état d'esprit général, City a battu une seule (Tottenham, à la dernière minute) des 6 des équipes du haut du classement (Liverpool, Arsenal, Chelsea, Everton, ManU.)
L'explication tient moins à la combativité des joueurs de Mancini car 4 buts sur 8 ont été marqués dans les 10 dernières minutes face aux six équipes ci-dessus mentionnées (contre une moyenne de 26% pour toutes les équipes de Premier League.) Il est plus juste de parler de fragilité, notamment parce que l'équipe a encaissé 8 buts lors de ces 6 matchs, contre 6 lors des 10 autres. Patente aussi est la relative inefficacité de l'attaque (10 buts de moins que ManU, bien que 2e du championnat), et des attaquants (le meilleur buteur, Tevez, a marqué 7 buts, et les attaquants ont scoré seulement 3 des 7 buts lors des 6 grands matchs.)
Mancini ne compte pas pour autant changer sa formule tactique en 4-4-2 ou 4-2-4 avec deux milieux récupérateurs (Touré et Barry), derrière deux milieux offensifs sur les ailes (Nasri, Silva), un attaquant rapide (Aguero, Tevez) et un attaquant de soutien (Balotelli, Dzeko.) C'est peut-être un risque parce que les adversaires savent à quoi s'attendre et peuvent adapter leur module en connaissance de cause, comme c'est le cas des grandes équipes qui disposent de l'effectif suffisant pour modifier leur disposition.
D'un point de vue tactique, la titularisation de quatre attaquants pose des problèmes d'équilibre, notamment parce que deux voire trois ont pour consigne d'aider au jeu défensif, en soutien des deux milieux défensifs. Cela aboutit à un jeu peu varié en phase de construction, les deux milieux transmettant le ballon aux ailiers qui débordent et/ou combinent avec l'attaque. La parade semble simple pour neutraliser tout le secteur offensif des Citizens: couper la transmission du ballon aux ailiers par un pressing haut devant les milieux et contraindre les ailiers à défendre.
Difficile d'imaginer comment pourrait évoluer le jeu de City en l'absence de recrutement et vu les résultats actuels en championnat. Une révolution n'est dans tous les cas pas à prévoir. A moins que la défaite face à ManU lors de la 16e journée ne préfigure une profonde crise de confiance. Cela est difficilement envisageable, vu le calendrier clément (Reading, Sunderland, Norwich, Stoke...) Mais le danger serait que ces confrontations faciles fassent oublier les problèmes soulevés et l'inefficience face aux grandes, là où justement City avait gagné son titre l'an dernier (3 défaites sur 12 matchs.)
Bilan du 20 août au 4 décembre:
22 matchs, 10 victoires, 9 nuls, 3 défaites; 40 buts marqués (1,81 b/m) et 26 buts encaissés (1,18 b/m.)
Août 2012
L'étude du jeu des grands clubs anglais actuels présente l'intérêt de révéler de légères différences de jeu entre Manchester United, Manchester City, Chelsea et Arsenal.
Il semble ainsi que plus le schéma est clair et assimilé par les joueurs, plus les chances de victoire sont grandes. Avantage cette année donc aux Red Devils.
MANCHESTER UNITED
Manchester United (MU) évolue en 4-4-2 depuis de nombreuses années, bien que ce schéma ne soit pas exclusif. A l'époque Cantona, par exemple (1992-97), l'équipe a évolué en 4-5-1, avec principalement le Français en pointe, parfois soutenu (ou soutenant) Cruyff, Cole voire Giggs.
Conforté par la compétitivité de l'équipe l'an dernier, Ferguson devrait encore aligner cette année un 4-4-2 avec Evra Jones Vidic et Smalling en défense, Kagawa Carrick Fletcher et Young en milieu et Welbeck/Hernandez et Rooney en attaque.
Avis: MU devrait cette année redevenir champion car l'équipe semble motivée et équilibrée.
Pronostic: 1er
ARSENAL
Malgré un 4-5-1 officiel, Arsenal a fourni
l'an dernier un jeu très offensif qui lui a permis de bien débuter et
bien terminer le championnat et terminer 3e meilleure attaque (74 buts, 19 buts de moins que MC.) Les gros problèmes furent en
fait la cohésion, sensible au démarrage (4 défaites lors des sept
premières journées), la continuité (1 point entre la 19e et 23e journée)
et la défense (40 buts encaissés, contre 29 pour MC.)
Le
club semble lassé de privilégier le bilan comptable aux résultats
(aucun titre depuis 2005) et a l'intention de changer sa façon de jouer
vers un 4-3-3, en conservant le style de jeu offensif propre à Wenger.
Les joueurs alignés devraient être Sagna Koscielny Vermaelen et Gibbs en
défense, Diaby Wilshere Ramsey au milieu et Park Podolski Van Persie en
attaque.
Avis: La défense est toujours le talon d’Achille
d'Arsenal. Wenger veut laisser mûrir ses joueurs, mais trahit son
impatience en attaque en investissant dans deux valeurs sûres. La
mayonnaise prendra-t-elle?
Pronostic: 2e
MANCHESTER CITY
Le champion en titre a assis sa victoire de l'an dernier sur une animation offensive impressionnante (93 buts en 38 matchs.) Le milieu de terrain devrait rester stable, mais l'attaque sera cette année le grand chantier avec les possibles départs de Tevez et Dzeko.
Le module de Mancini devrait néanmoins rester le même, soit un 4-4-2 transformable en 4-2-4 avec Clichy Kompany Lescott et Richards en défense, Barry Milner Silva Nasri au milieu et Balotelli Agüero en attaque. L'arrivée de Van Persie obligerait sans doute Mancini à passer à un 4-3-3 dont Nasri ferait sûrement les frais.
Avis: La défense des Citizens est toujours aussi lourde et le milieu défensif un peu léger. Les joueurs seront, de plus, focalisés sur la Champions League.
Pronostic: 3e
CHELSEA
L'ère Mourinho est définitivement révolue avec le départ de presque tous les anciens. Ne restent aujourd'hui parmi les titulaires que Lampard, Cech et Terry pour rappeler au bon souvenir du "Special One". Le 4-3-3 pourrait cependant ne pas appartenir au passé afin d'imposer en championnat un jeu plus dynamique que celui proposé en Champions League la saison dernière, d'autant que Di Matteo devra faire avec une attaque allégée.
En l'état, le module proposé devrait être un 4-3-3 voire 4-4-2 avec Cole Cahill Terry et Ivanovic en défense, Mereles Mikel et Ramires en milieu, et Hazard (qui pourrait reculer en milieu) Mata et Torres en attaque.
Avis: L'attaque semble être là aussi la grande inconnue pour Chelsea. Torres parviendra-t-il à faire oublier Drogba? Hazard et Mata réussiront-ils à trouver leurs marques? Di Matteo saura-t-il créer du jeu?
Pronostic: 4e