Janvier 2013
REAL MADRID
Le divorce entre Mourinho et la Casa Bianca est consommé. Il semble survenir assez tôt, dès la saison suivant l'obtention du titre et deux ans après l'arrivée du Special One, mais le timing n'est en fait pas si inhabituel, Mourinho étant généralement habitué à travailler trois ans dans un club (Porto 2002-04, Chelsea 2004-07, Inter 2007-10), le temps de gagner le championnat et se brouiller avec plusieurs joueurs et l'encadrement du club.
On aurait pu penser que l'entraîneur aurait réussi à garder ses joueurs en
pression encore quelques mois avec la Champions League en ligne de mire. Il en
sera a priori autrement car, à part si le calme revient dans les vestiaires, on
imagine difficilement une équipe divisée, si loin de la première
place qu'elle commence à balbutier son football, remporter un tel titre.
La saison avait pourtant bien démarré, avec la victoire en Super Coupe
d'Espagne face au Barça (2-3; 2-1.) Mais les choses se sont vite compliquées, à
la fois en championnat (4 défaites, contre 2 pour la saison entière), en coupe
d'Espagne (poussive qualification en 1/4 contre le Celta Vigo) ou en Champions (3 victoires, 9 buts encaissés.) Si l'attaque est
toujours efficace (45 buts en 18 journées de Liga), la défense est plus perméable
(20 buts, contre 32 pour la saison entière passée.)
L'esprit combatif est également défaillant, comme le prouve la difficulté à
obtenir des résultats à l'extérieur (13 points sur 27) et à y créer du jeu (17
buts réalisés, 15 de moins que le Barça), alors qu'à domicile, les voyants sont
au vert (23 points, 28 buts, soit un de moins que le Barça.) Si le titre est
perdu cette année, c'est donc principalement le fait de la motivation car les
indicateurs à domicile prouvent donc que la qualité et l'efficacité peuvent
encore être au rendez-vous.
Alors que changer dans le dispositif madrilène? Plutôt que les joueurs ou
la tactique en 4-2-4, on l'aura compris, il faudrait faire évoluer la
mentalité, chose difficile en gardant Mourinho ou faute de récréation
européenne. A moins que les joueurs ne retiennent leur souffle avant le sprint
du printemps. C'est ce qui pourrait expliquer la baisse d'efficacité des
buteurs également, puisque Ronaldo (16 buts) a un ratio de 0.89 cette année
contre 1.21 l'an dernier et Benzema (21 buts l'an dernier) n'a scoré que 5 fois
en 15 matchs joués.
Bilan du 19 août 2012 au 10 janvier 2013
30 matchs, 18 victoires, 7 défaites, 76 buts marqués (2,53 b/m), 36 buts encaissés (1,2 b/m.)
FC BARCELONE
Contrairement aux prévisions, le départ de Bep Guardiola a plutôt été bien géré par le groupe et Vilanova s'est avéré non pas seulement bon gestionnaire mais aussi un vrai meneur d'hommes. Il a réussi ainsi le tour de force de faire oublier son prédécesseur en l'espace de trois mois et d'effacer des tablettes tous les entraîneurs qui l'ont précédé grâce à ce résultat incroyable: 17 victoires en 18 matchs.
Cela n'est pas inédit pour autant car l'équipe avait déjà fait aussi bien en 2010-11 (52 points à la trêve), 10 victoires consécutives à l'extérieur (9 pour l'instant) et 61 buts (tout comme cette année), mais une victoire à Malaga lors de la dernière journée de la phase aller permettrait à l'équipe de faire encore mieux.
Quel est donc la recette du Barça? On peut identifier quatre ingrédients. D'abord, l'aspect psychologique, celui d'avoir cédé l'an dernier le titre au Real, une cession qui alimente une vraie volonté de rachat. Ensuite, un groupe efficacement encadré, illustré par la force tranquille de Vilanova ainsi que par la solidarité dont les joueurs ont fait preuve lors de l'annonce de la maladie de leur entraîneur. Troisièmement, des ajustements tactiques, tels que le recentrage de Messi. Enfin, l'intelligence et la qualité des joueurs qui apprécient de surcroît de jouer ensemble un beau football, aidés en cela par Messi, qui assume parfaitement le rôle de leader de l'équipe.
On obtient dès lors une machine redoutable qui a battu tous ses concurrents de la saison, à l'exception du Real, et qui marque en moyenne 3.38 buts par match (dont 9 matchs avec au moins quatre buts marqués.) Avec onze points d'avance sur son premier poursuivant, l'Atletico, et seize sur le Real, on peut dors et déjà considérer que le titre est acquis.
Le jeu du Barça n'est pas, ceci dit, irrésistible; l'équipe a souffert plus d'une fois (Valence, Real, Betis), notamment face à des équipes bien organisées à l'arrière (Séville, Osasuna.) Il sera ainsi intéressant de voir comment l'équipe gérera l'obstacle Malaga qui, fort de ses 13 petits buts encaissés cette année, figure parmi les plus solides défenses en Europe et représente un test très informatif pour les futurs adversaires du Barça en Champions League.
La recette est pourtant connue pour contrer le Barça: cadenasser derrière. C'est ce que Chelsea l'an dernier ou l'Inter il y a trois ans avaient réussi à faire: abandonner la possession du ballon et repartir en contre. Le Real applique également (malgré lui) cette recette, généralement à l'extérieur, et obtient des résultats probants (2 buts marqués en moyenne depuis 2010.) Cela veut dire en termes concrets qu'il faut bloquer la verticale Xavi-Messi en exerçant un pressing haut, contraignant Xavi à distribuer sur les côtés et y empêcher la transmission du ballon à Messi, notamment en forçant les ailiers à revenir en arrière ou à centrer, ce qui est un moindre mal.
Bilan du 19 août 2012 au 6 janvier 2013
29 matchs, 26 victoires, 2 défaites, 84 buts marqués (2,89 b/m), 29 buts encaissés (1 b/m.)
VALENCE
La saison de Valence est bien plus compliquée que prévu. Après trois années (loin) derrière le Barça et le Real, il semble que l'équipe entraînée par Pellegrino puis Valverde ne parviendra pas à décrocher sa place en Champions League cette année. La faute à des transferts décevants (Cissokho, Valdez), à une attaque peu efficace (25 buts) et à une défense friable (27 buts.) L'équipe est ainsi très fébrile en déplacement (5 défaites en 9 matchs et 9 points seulement sur 27 possibles), alors qu'elle est loin de faire le plein à domicile (18 sur 27.)
Autre problème: l'inconstance de l'équipe puisque la bande à Soldado n'a jamais réussi jusqu'à maintenant à aligner deux victoires de suite, sa meilleure série étant 7 points sur 9 (10-12e journées.) De même, les bonnes performances (1-1 au Real, 2-0 face à l'Atletico), ont souvent été effacées par des prestations très décevantes (2-5 face à la Sociedad, 0-4 à Malaga.)
En fait, c'est surtout contre les équipes du milieu de tableau, situées entre la 4e et la 12e place, que Valence peine le plus. Alors qu'elle a presque fait le plein contre les équipes mal classées (Osasuna, Espanyol, Grenade), elle a perdu contre Malaga (4e), Betis (5e), Levante (6e), Rayo (7e), Sociedad (9e) et fait match nul contre Valladolid (11e.)
C'est donc d'abord un problème de niveau et aussi un problème de confiance. Le travail de Valverde sera surtout concentré sur la seconde dimension, consistant à retrouver un esprit conquérant, alors que la confirmation de Feghouli et l'arrivée de Quaresma devraient apporter de la stabilité au milieu offensif. Il n'en demeure pas moins que le chantier apparait immense, surtout en défense centrale car le duo Rami-Pereira ne fonctionne pas en 4-4-2, ni le trio Rami-Pereira-Costa en 3-4-3.
Restent quelques satisfactions. Celle de compter dans ses rangs un véritable leader, Soldado, qui, en outre, pèse plus du tiers des buts inscrits par son équipe. Du point de vue du jeu, le milieu offensif avec Feghouli et Jonas réalisent une bonne première partie de saison. Enfin, côté résultats, l'équipe est qualifiée pour les huitièmes de finale de la Champions League et elle n'est finalement qu'à quatre petits points de la quatrième place qualificative pour la Champions. Elle aura également la chance d'accueillir le Real, Barcelone et ses concurrents directs (Malaga, Levante, Betis.) 2013 peut ainsi finalement être plus douce que prévu.
Bilan du 19 août 2012 au 6 janvier 2013
26 matchs, 13 victoires, 8 défaites, 42 buts marqués (1,61 b/m), 33 buts encaissés (1,27 b/m.)
MALAGA
Le Malaga réalise une bonne première partie de saison, malgré 21 points déjà de retard sur la locomotive barcelonaise, mais aussi 10 points derrière l'Atletico. Quatrième au classement, l'équipe de Pellegrini n'est par contre qu'à 5 points du podium et compte déjà à son tableau de chasse Levante, Betis, Valence et le Real.
Avec un rythme de cinq défaites et quatre nuls en 18 matchs, Malaga obtiendrait en fin de saison 68 points, soit 10 points de plus que l'an dernier, et surtout subirait nettement moins de défaites (10 contre 14.) Il lui sera par contre difficile de prétendre à mieux que la 4e place, sauf si l'Atletico ou le Real devaient s'effondrer, c'est-à-dire marquer respectivement 26 et 31 points en 20 matchs, ce qui est peu probable.
La réussite de Malaga tient bien entendu aux propriétaires arabes du club, à la performance des joueurs mais aussi aux efforts réalisés dans le jeu car Malaga a une défense de fer (13 buts encaissés, dont seulement 4 à l'extérieur) qui lui a permis de boucler 9 matchs sans prendre de but. L'attaque est assez efficace également et Malaga a réussi à marquer au moins trois buts dans 5 cas, notamment contre le Betis (4-0), Valence (4-0) et le Real (3-2.)
Alors où est le problème? Pourquoi Malaga n'est pas encore plus haut dans le classement? D'abord à une efficacité moyenne en déplacement (12 points sur 27), bien que le Real (13 points) et l'Atletico (14) ne fassent pas tellement mieux; des moments d'inattention, au demeurant admissibles vu le niveau de concentration demandé aux joueurs du point de vue défensif. Ils ont abouti à des défaites ou des nuls tout à fait évitables, notamment contre Osasuna et l'Espanyol (0-0) et La Corogne (0-1.)
La faute au dispositif tactique en 4-3-3 qui ressemble plutôt à un 4-5-1 avec un milieu défensif (Camacho, Toulalan, Portillo Soler) et malgré des joueurs plus étincelants comme Isco. Et surtout à la philosophie de jeu de Pellegrini. Pas sûr par contre que les Cheikhs tolèrent longtemps un jeu aussi réaliste (28 buts, 11 matchs avec au maximum 1 but marqué.)
Il s'agira sûrement donc d'investir en attaque (Saviola, Santa Cruz et Julio Baptista ont plus de 31 ans), alléger le milieu défensif (exit Weligton Robson) et trouver des soutiens sur les côtés, que ce soit des ailiers plus rapides que Gamez, ou plus créatifs que Duda.
Bilan du 19 août 2012 au 10 janvier 2013
30 matchs, 15 victoires, 6 défaites, 51 buts marqués (1,7 b/m), 24 buts encaissés (0,8 b/m.)
Août 2012
A côté des deux incontournables que sont le FC Barcelone et le Real Madrid, nous découvrirons les schémas du FC Valence et de Malaga.
REAL MADRID
Le Real Madrid évolue depuis deux ans avec un module en 4-4-2, transformable en 4-3-3 avec Di Maria aux côtés des deux attaquants. Dans ce schéma immuable de Mourinho, le jeu appartient à deux voire trois milieux très solides (Alonso, Khedira et parfois Diarra) et un milieu créateur (Özil.) C'était déjà le cas à Chelsea (Makélélé, Essien+Lampard) et à l'Inter (Motta, Cambiasso voire Stankovic + Snejder.)
Un autre trait de la tactique de Mourinho, l'asymétrie: un seul ailier très offensif (Cole à Chelsea, Maicon à l'Inter, Marcelo au Real) et un attaquant plus mobile que l'autre (Milito à l'Inter et Ronaldo au Real.) Le but est de ne pas trop déstabiliser sa défense en cas de contre-attaque et, en attaque, à étirer les défenses adverses, aspirées par Ronaldo, souvent placé au milieu du terrain.
Outre le talent des joueurs(et un budget de 500 M), la recette du Real de l'an dernier (100 points, 121 buts marqués) ne réside donc pas sur la tactique bien connue du Special One, mais bien sur la motivation que ce dernier transmet. Cette tension maximale ne durera pas éternellement, surtout en l'absence de renouvellement de l'effectif.
Avis: Avec un Barcelone en reconstruction, le titre semble promis au Real, mais il sera moins "historique" que celui de l'an dernier. L'objectif des joueurs sera la Champions League que seuls Casillas, Ramos et Alonso ont déjà remportée.
Pronostic: 1er
FC BARCELONE
Le Barça se remet progressivement du départ de Guardiola. Les premiers résultats semblent probants et 6 matchs remportés lors des 6 premières journées de championnat. Vilanova a conservé les joueurs et l'architecture de son prédécesseur, soit une tactique en 4-5-1 transformable en 4-3-3 voire en 4-2-4, en fonction de la position de Messi à droite et Pedro à gauche.
Malgré certaines certitudes, principalement en attaque, les blaugrana semblent en manque de repères: la défense est friable (4 matchs avec 2 encaissés entre fin aout et fin septembre) et le milieu (Xavi, Iniesta, Pedro) est en méforme, sans parler de recrues (Alba) dont l'insertion n'est pas encore achevée. Ceci dit, l'équipe récite toujours sa partition, parfois de fort belle manière, et l'attaque est très performante (15 buts marqués en six matchs en septembre). Mais le risque est que les joueurs ronronnent, pour ne pas dire qu'ils jouent de façon routinière.
De ce fait, l'animation repose grandement sur la motivation et le dynamisme de certains joueurs, Messi, replacé un peu plus au centre, et surtout Sanchez, sur le côté gauche de l'attaque. Le côté droit semble ainsi pour l'instant un peu délaissé. Si la part belle laissée aux individualités n'est pas quelque chose de nouveau, on pourra pourtant s'inquiéter de noter qu'il y a peu de nouveaux joueurs capables hors norme, en l'absence de Messi, Iniesta et Xavi.
Avis: L'entraineur connait bien ses joueurs et leur fait confiance. Mais son manque de charisme risque d'être préjudiciable en cas de gros vent. De plus, le jeu est plus horizontal, les flèches moins affutées qu'avant et le recrutement modeste.
Pronostic: 2e
VALENCE
Sans faire de vagues, Valence, cinquième palmarès espagnol, a terminé 3e lors des trois dernières éditions, il est vrai loin des deux géants (39 points de retard sur le Real.) Nul doute que l'équipe entrainée par Pellegrino devrait encore occuper le haut du classement, sans prétendre au titre malgré tout.
Les départs de Jordi Alba et Topal ont été entre autres compensés par l'arrivée de Joao Pereira en défense et de Gago au milieu. Cela devrait enrayer une spirale négative (10 points de moins que la saison 2010/11), tout en gardant le jeu alerte, basé sur un fort milieu du 4-5-1, avec trois milieux très offensifs parmi Feghouli, Jonas et peut-être Piatti plus souvent que Canales.
En l'état, l'entraîneur alignera la même équipe que l'an dernier et fera toujours autant tourner ses milieux. Les titulaires devraient être Mathieu, Rami, Miguel et Victor Ruiz en défense, Albelda, Banega/Tino Costa, Jonas, Gago et Canales au milieu, Soldado en attaque.
Avis: Le milieu est bien fourni et possède en Albelda, Jonas et Soldado des véritables leaders. L'attaque et la défense furent les 3e du championnat. Seul danger, la lassitude qui risque de tirer l'équipe vers le bas, sans compter le renforcement de l'Atletico et de Malaga.
Pronostic: 5e
MALAGA
Pellegrini dispose depuis le rachat du club par la famille Al-Thani de beaucoup d'options et du 3e budget de la Liga (150 millions.) Cela dit, les arrivées cette saison sont rares (en attendant Rémy?) et le groupe devrait donc rester à peu près identique.
En progression depuis 3 ans (17e, 11e, et 4e l'an dernier), l'équipe s'avère toutefois toujours aussi fragile (14 défaites, soit 1 match perdu sur 3), et la défense est trop perméable (53 buts encaissés.) L'attaque est moyenne (54 buts marqués) et privée de véritables buteurs (Rondon, meilleur marqueur avec 11 buts.)
La Rosaleda devrait voir ses joueurs évoluer sur le modèle de Valence, soit un 4-5-1 avec trois à quatre milieux techniques. L'équipe-type devrait comporter Gamez, Demichelis, Mathijsen et Monreal en défense, Toulalan, Cazorla, Isco, Eliseu et Sanchez au milieu, et Rondon seul en pointe.
Avis: Au-delà de la question des transferts, le club cumule les problèmes extra-sportifs. Cela pèsera-t-il sur les performances sur le terrain?
Pronostic: 4e